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"A l'évidence, l'annonce de la fin de Dieu a été d'autant plus tonitruante qu'elle était fausse... Trompettes embouchées, annonces théâtrales, on a joué du tambour en se réjouissant trop tôt. L'époque croule sous les informations vénérées comme la parole autorisée de nouveaux oracles et l'abondance se fait au détriment de la qualité et de la véracité: jamais autant de fausses informations n'ont été célébrées comme autant de vérités révélées.
Pour que la mort de Dieu fût avérée, il eût fallu des certitudes, des indices, des pièces à conviction. Or tout cela manque... Qui a vu le cadavre? A part Nietzsche, et encore... A la manière du corps du délit chez Ionesco, on aurait subi sa présence, sa loi, il aurait envahi, empesté, empuanti, il se serait défait petit à petit, jour après jour, et l'on n'aurait pas manqué d'assister à une réelle décomposition -- au sens philosophique du terme également.
Au lieu de cela, le Dieu invisible de son vivant est resté invisible même mort. Effet d'annonce... On attend encore les preuves. Mais qui pourra les donner? Quel nouvel insensé pour cette impossible tâche?
Car Dieu n'est ni mort ni mourant -- contrairement à ce que pensent Nietzsche et Heine. Ni mort ni mourant parce que non mortel. Une fiction ne meurt pas, une illusion ne trépasse jamais, un conte pour enfants ne se réfute pas."
Michel ONFRAY, Traité d'athéologie, Grasset, 2005.
Pour que la mort de Dieu fût avérée, il eût fallu des certitudes, des indices, des pièces à conviction. Or tout cela manque... Qui a vu le cadavre? A part Nietzsche, et encore... A la manière du corps du délit chez Ionesco, on aurait subi sa présence, sa loi, il aurait envahi, empesté, empuanti, il se serait défait petit à petit, jour après jour, et l'on n'aurait pas manqué d'assister à une réelle décomposition -- au sens philosophique du terme également.
Au lieu de cela, le Dieu invisible de son vivant est resté invisible même mort. Effet d'annonce... On attend encore les preuves. Mais qui pourra les donner? Quel nouvel insensé pour cette impossible tâche?
Car Dieu n'est ni mort ni mourant -- contrairement à ce que pensent Nietzsche et Heine. Ni mort ni mourant parce que non mortel. Une fiction ne meurt pas, une illusion ne trépasse jamais, un conte pour enfants ne se réfute pas."
Michel ONFRAY, Traité d'athéologie, Grasset, 2005.